Une loi qui nous fait régresser

25 janvier 2010 par Dino Laisser une réponse »

La loi sur les produits de santé naturels au Canada exige que pour qu’un PN soit en vente libre et puisse avoir une réclame d’efficacité sur son emballage, il doit obtenir un numéro d’approbation de Santé Canada appelé un NPN (numéro de produit naturel). Cette loi à vu le jour en 2004 et prend force d’application officiel à partir du 1er Janvier 2010. Jusque là pas de problème pour moi. Par contre après 6 ans de mise en vigueur de la loi. Plus de 50,000 demandes ont été faites et à peu près 12000-15000 produits ont obtenues leur NPN, pas parce que les autres ne sont pas bons mais parce que SC n’avait pas la structure et le personnel afin d’évaluer toutes les demandes. Il y a donc un nombre important de dossiers qui sont en attente d’évaluation et près de 15000 produits qui ont été rejetés en bloc pour des motifs qui dans la plupart des cas ne tiennent pas la route. Ce qui fait qu’en date d’aujourd’hui, il y a des dizaines de millier de produits qui n’ont pas de NPN. Dans la plupart des cas ils sont vendus depuis des années dans nos magasins spécialisés et dans les pharmacies sans qu’il y ait eu d’anicroche et maintenant ces produits devront être retirés unilatéralement du marché sans autres explications jusqu’à ce que les compagnies qui les fabriquent obtiennent le fameux NPN. Il y a deux problèmes majeurs à cette situation. Premièrement la plupart des compagnies qui fabriquent ces produits naturels sont des PME qui devront soit fermer leurs portes ou réduire de façon importante leur structure et deuxièmement même si elles arrivent à rester en vie, elles sont loin d’être assurées d’avoir prochainement les NPN en question et ne pourront donc jamais espérer de croissance à moyen terme. Est-ce moi ou notre gouvernement est en train de tuer une industrie au lieu de favoriser sa croissance. Au Canada on dit que plus de 60% de la population utilise ou utilisera au moins un produit naturel. Cette industrie est de plus en plus mature et en très forte croissance au profit de l’industrie pharmaceutique qui semble être en perte de vitesse. Je ne dis pas qu’il y a conspiration pour ralentir la progression de l’industrie des PN mais je pense que la popularité grandissante de leur consommation fait réagir. Santé Canada et l’ordre des pharmaciens du canada et du Québec, clament haut et fort qu’il faut retirer ces produits des tablettes car la priorité numéro un est la protection du consommateur et que la réglementation fera disparaître les produits dangereux. Je ne sais pas pour vous mais moi depuis 20 ans que je suis dans ce milieu et je peux compter sur une main le nombre de cas d’intoxications ou de problèmes de santé importants causés par un PN. Dans le pire des scénarios le produit n’offrira aucun bénéfice et vous aurez perdu de l’argent mais si vous suivez les recommandations du fabriquant vous n’aurez aucun soucis pour votre santé. La plupart des PN sont tout à fait sécuritaires et les quelques exceptions sont bien connus. Ce n’est pas à ce niveau que Santé Canada bloque les demandes mais bien sur la preuve de l’efficacité. Les scientifiques de SC veulent que de petites PME fassent la preuve clinique que leur formule à base de plantes, vitamines et minéraux va avoir un effet mesurable contre un placébo et ce deux fois plutôt qu’une (deux études demandés). Une étude clinique en double aveugle qui est valable coûte plusieurs millions de dollars et presque personne dans cette industrie n’en a les moyens. Quelques fabricants de matières premières comme par exemple dans le cas du sulfate de glucosamine ont réussis à faire des études mais la glucosamine doit être vendu seul car si vous la mélangez à d’autres ingrédients actifs comme par exemple des plantes qui ont des propriétés anti-inflammatoire connues, il faudra recommencer les études avec le mélange complet et ce pour n’importe quel nouveau produit que vous voulez mettre sur le marché. Donc si vous avez un produit qui contient trois ingrédients bien connus ayant individuellement aucune toxicité et une activité thérapeutique démontrée, il sera très difficile, selon cette nouvelle loi, d’obtenir un NPN sans investir des millions de dollars. Est-ce bien pour protéger notre santé qu’on règlemente les PN avec les mêmes critères qu’un médicament de synthèse, car ces produits pharmaceutiques de synthèse, sont responsable de plus d’effets secondaires et d’interactions que n’importe quel produit naturel ne le sera jamais. Je me demande seulement où est le gros bon sens dans cette histoire.

Personne n’est contre la vertu et nous aimerions tous un produit sûr et efficace avec une approbation de Santé Canada mais est-ce réaliste de penser que la tisane pour favoriser le sommeil que votre grand-mère vous faisait boire devra passer par de coûteuses études et un comité de scientifiques avant d’être disponible à la consommation. Il y a des compagnies sérieuses qui ont obtenues le droit de fabriquer avec des installations souvent à la fine pointe de la technologie et qui s’approvisionnent chez de bons cultivateurs de plantes médicinales pour nous offrir la formule de votre grand-mère toute prête bien emballé et ayant subit toutes les analyses requises. Notre ministère de la santé, dans le but de nous protéger, va la retirer du marché et penser qu’il en sera ainsi plus sécuritaire pour la santé du consommateur. Je suis d’accord pour limiter ce que l’on peut dire sur l’emballage du produit si cela n’est pas démontré mais si le produit est complètement retiré, il y aura probablement création d’un marché au noir pour la tisane de grand maman qui risque de ne plus être aussi bien fabriqué et sécuritaire ou pire encore l’insomniaque occasionnel obtiendra une prescription de lorazépam (Ativan)* auprès de son médecin de famille. Dans ce dernier cas le pharmacien qui aura éliminé de ses tablettes la tisane sans NPN de grand-maman aura au moins pu vendre le médicament prescrit par le médecin. Je m’inquiète par contre des magasins spécialisés qui sont une part beaucoup plus importante qu’on peut l’imaginer de notre économie et surtout de notre santé. Il y a des milliers d’emplois en jeux dans cette réglementation démesurée et sans jugement. J’espère qu’il y aura quelqu’un au ministère des finances qui sentira la secousse et réagira à temps si celui de la santé reste endormi…

Mise en garde du lorazépam : (Ce produit est vendu sous prescription seulement et il est normale d’avoir une réglementation aussi sévère quand on voit la liste des effets et interactions mais doit-on mettre les PN dans la même classe?) http://sante.canoe.com/drug_info_details.asp?brand_name_id=319&relation_id=981

Réglementation de santé canada :

http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/prodnatur/about-apropos/index-fra.php

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3 commentaires

  1. Chuck dit :

    Tu dois sérieusement commencer à informer ta clientelle de l’existance de ton Blog. Je ne peu pas croire que la communauté des PN va laisser ça se produire.

  2. Dino dit :

    Je suis d’accord et il y a des groupes anglophones qui sont bien organisés pour combattre cette loi stupide mais ici au Québec il faudra vraiment se mobiliser car même les magasins spécialisés auront éventuellement à suivre la loi. Et si il n’y a pas de modifications ce sera catastrophique pour notre industrie.

  3. Diane dit :

    Les pharmaciens ont la chienne parce qu’ils n’arrivent pas à suivre l’évolution des produits naturels. Ils sont invités et payés par les grandes Pharmaceutiques pour étudier leurs produits, apprendre les avantages, les effets secondaires etc… Ils n’ont pas de temps à perdre avec les produits naturels…voyons…y’a pas assez d’études….C’est encore une question de contrôle, les Pharmaceutiques veulent garder leur part du marché, les « docqueteurs » de notre grande médecine veulent garder leur controle, et la même chose pour les pharmaciens…Mais réalisent-ils que la vente de produits naturels se fera ailleur, soit dans les magasins de produits naturels et qu’ainsi ce sera leur pharmacie qui en perdra les revenus…Ça prend pas un bac pour comprendre cela….

    Les gens qui se tournent vers le produits naturels c’est par choix, un mode de vie, oui les premiers temps seront difficiles….mais le consommateur ira où il pourra en trouver…le marché pourrait s’adapter…mais les plus petits risquent d’en mourir…